
Quelques techniques d’apprentissage
en éducation canine
L’individu, quel que soit son espèce, peut apprendre de plusieurs manières et à tout âge, nous allons voir aujourd’hui les plus grandes d’entre elles :
Tout d’abord, l’apprentissage c’est :
« Ensemble des processus de mémorisation mis en œuvre par l’animal ou l’homme pour élaborer ou modifier les schémas comportementaux spécifiques sous l’influence de son environnement et de son expérience. » (LAROUSSE)
L’APPRENTISSAGE PAR IMITATION :
C’est une forme d’apprentissage à laquelle on ne pense pas toujours, ou que l’on pourrait délaisser et pourtant elle est bien présente chez les animaux.
C’est d’ailleurs comme cela que le chien apprend les signaux de communications liés à son espèce.
Le chien est parfaitement capable d’apprendre en observant ses congénères mais également en observant d’autres espèces.
Dans cette technique d’apprentissage, l’individu « A » va, dans un premier temps, observer l’individu « B » en train de réaliser un comportement pour ensuite reproduire le même comportement.
Mais alors pourquoi un chien imite ?
Le chien peut être amené à imiter un autre individu car celui-ci aura été perçu comme ayant plus d’expérience. Le chien étant un opportuniste, il peut aussi observer que l’individu B en réalisant telle action en tire tel bénéfice, il va alors chercher à l’imiter pour en tirer les mêmes bénéfices.
L’apprentissage par imitation concernera bien souvent les gestes de tous les jours, cependant il est également possible d’apprendre par imitation sur un mouvement plus rare.
L’individu A va souvent prendre pour modèle un chien plus âgé, avec plus d’expérience cela peut-être sa mère mais aussi un autre adulte de l’élevage et plus tard dans votre foyer si vous avez un deuxième chien. Cependant il est parfaitement possible que le « modèle » soit un individu d’une toute autre espèce.
L’APPRENTISSAGE PAR HABITUATION
Notre environnement est rempli de stimulations en tout genre (Clocher, hélicoptère, les voitures, une odeur, une ombre, …) bien souvent sans intérêt et ainsi sans conséquence.
L’apprentissage par habituation, aide à ne pas réagir pour rien à la moindre stimulation.
Pour que cet apprentissage soit dit « d’habituation », il faut que le stimulus1 (auditif, visuel ou autre) ne soit ni suivi de quelque chose de positif ni de négatif, cela doit rester un bruit, une odeur, neutre.
Il existe cependant des stimulus qui, même s’ils ne sont associés à rien, font peur à nos chiens (on pense notamment aux pétards et aux feux d’artifices). Dans ce cas, un travail de désensibilisation est possible. N’hésitez pas à contacter un éducateur si vous souhaitez vous faire aider.
Afin d’éviter d’avoir à désensibiliser un chien adulte, il est primordial et même indispensable de faire découvrir au chiot le plus de choses possibles et différentes. C’est dans sa période de socialisation (entre 3 et 12 semaines) qu’il va déterminer son homéostasie2. En grandissant, toute nouvelle stimulation sera comparée à son répertoire vécu, ce qui va lui permettre de déterminer si ce nouveau stimulus est dangereux ou pas.
Les individus qui, étant dans cette période de socialisation, n’ont pas été mis en contact régulier avec différents stimulus auront un seuil d’homéostasie plus faible et pourront développer, en grandissant, des soucis de comportement.
L’apprentissage par habituation est également présente chez l’humain notamment avec les odeurs de sa maison, de sa lessive que l’on ne sent plus mais que l’on sent chez quelqu’un d’autre. Il y a aussi le train que les personnes vivant à proximité d’une voie ferroviaire n’entendront plus mais que les invités remarqueront. Idem avec le clocher de l’Eglise.
/!\ L’immersion n’est pas de l’apprentissage
Le mettre une fois face à un stimulus n’est pas de l’habituation
L’APPRENTISSAGE PAR ASSOCIATION
Dans cette partie, nous allons principalement parler des deux grandes notions de conditionnement :
- Le conditionnement classique
- Le conditionnement opérant
- Le conditionnement classique
- Donner simplement de la viande au chien, ce qui provoque la salivation du chien : cette réaction est une réponse réflexe automatique (le chien ne contrôle pas sa salivation).
- Suite à cela il a inséré une cloche (un stimulus neutre) avant de donner de la viande.
- Au bout de plusieurs jours, le chien salive au bruit de la cloche sans pour autant qu’il y ait de la viande après.
- Le conditionnement opérant
- Le renforcement : augmente la possibilité de voir un comportement se reproduire ou augmenter.
- La punition : Diminue la possibilité de voir un comportement se reproduire, tends vers l’arrêt du comportement.
- Le renforcement positif (R+) : un stimulus de fort intérêt pour l’individu est ajouté à la suite d’un comportement que l’on souhaite voir se reproduire.
- Le renforcement négatif (R–) : un stimulus aversif pour l’individu est retiré à la suite d’un comportement que l’on souhaite voir se reproduire.
- La punition négative (P–) : Un stimulus de fort intérêt pour l’individu est retiré à la suite d’un comportement que l’on ne souhaite pas voir se reproduire.
- La punition positive (P+) : Un stimulus aversif pour l’individu est ajouté à la suite d’un comportement que l’on ne souhaite pas voir se reproduire.
Le conditionnement classique, aussi appelé « conditionnement répondant » a été découvert par Yvan Pavlov dans les années 1890-1900.
L’expérimentation consisté à produire un conditionnement réflexe et c’est fait en 3 étapes :
Ces réflexes, sont à mêmes d’être comparés à des réponses involontaires et non innées provoquées par un stimulus neutre (ici la cloche). Pavlov a par la suite proposé la théorie selon laquelle, lorsque le cerveau établit une connexion entre un signal sonore et l’action qui s’en suit, les réponses obtenues par l’apprentissage et la répétition (habitude) deviennent des réflexes.
Le conditionnement opérant a été développé par Burrhus Frederic Skinner au milieu du XXe Siècle.
A l’opposé du conditionnement classique, le conditionnement opérant fait apparaitre une réponse volontaire de la part de l’individu.
Ce type de conditionnement repose sur deux grandes notions :
Ces deux notions se déclinent ensuite en positive (+) ou en négative (–)
Nous obtenons donc :
Ex : Lors de l’apprentissage du assis, si le chien s’assoie il a une friandise. Il aura donc envie de recommencer afin d’avoir encore une récompense.
Ex : La pression désagréable que l’on met sur l’arrière-train du chien pour qu’il s’assoie. Une fois le chien assis, la pression disparait. Le chien a alors intérêt à s’assoir rapidement pour faire disparaître cette pression désagréable. Mais n’exécutera pas l’ordre par envie mais plus pour éviter quelque chose.
Ex : Le chien qui saute sur les gens pour avoir de l’attention. En lui retirant ce qu’il souhaite (l’attention), il comprend que ce n’est pas la meilleure façon pour que l’on s’occupe de lui et va donc proposer autre chose.
Ex : Le coup de sonnette sur le collier quand le chien tire en laisse. L’ajout de cette sensation douloureuse est dans le but de faire disparaitre ce mauvais comportement.
Le + et le – ne signifient pas que c’est quelque chose de bien ou de mal mais représentent plutôt l’ajout (+) ou le retrait (–) d’un stimulus
La règle des 3D (Durée, Distance et Distractions) :
Afin de faciliter un apprentissage, il est important de maîtriser l’environnement.
Bien souvent, lors d’un apprentissage, nous avons tendance à mettre les 3D en même temps et sans s’en rendre compte, nous mettons le chien en échec car l’exercice devient trop compliqué pour lui.
Lorsque l’on débute un nouvel exercice, il est important de travailler dans un endroit sans distraction pour le chien (idéalement la pièce à vivre de la maison) une fois que l’exercice est acquis dans la maison, nous pouvons passer au jardin (si pas de jardin, un endroit bien connu du chien à une heure ou il y a très peu de distractions) et augmenter la difficulté petit à petit mais en ajoutant que 1D à la fois. Seulement attention à ne pas faire l’erreur que font beaucoup de monde : ce n’est pas parce que votre chien réussi l’exercice à un endroit qu’il réussira du premier coup si vous changez l’environnement. Ne mettez pas votre chien dans l’échec, pour cela réduisez vos exigences.
Ex : Si à la maison votre chien s’assoit rapidement à votre demande et reste assis une dizaine de secondes. A l’extérieur il peut avoir besoin qu’on le guide pour s’assoir dans un premier temps.
La Durée : si vous démarrez l’apprentissage du assis, vous allez être tout prêt de votre chien et l’aider dans un premier temps. Vous allez lui demander de rester de plus en plus longtemps vous instaurez donc la durée.
La Distance : une fois que votre chien arrive à rester assez longtemps vous allez pouvoir commencer à vous éloigner d’un pas ou deux mais comme vous augmentez la difficulté, votre chien aura peut-être du mal à tenir sur la durée dans ce cas, faites un pas en arrière mais revenez tout de suite le récompenser et petit à petit vous pourrez réintégrer la durée.
La distraction : une fois que vous maitrisez la durée et la distance dans un environnement sans trop de stimulation vous pourrez refaire le même exercice mais dans le jardin par exemple (un endroit avec des stimulations qui reste maitrisable pour le chien) à nouveau, vous rajoutez de la difficulté pensez à réduire votre exigence dans l’exercice, là ou vous pouviez vous éloigner peut-être 15 secondes à 5m réduisez à 1 pas en arrière pendant 2 secondes (+ ou – adaptez à votre binôme). Et ainsi de suite …
CONCLUSION :
Votre chien apprend, et comme tout être qui apprend, il a le droit de se tromper. Ce n’est pas grave s’il ne réussit pas du premier coup. Toutefois, s’il se trompe à plusieurs reprises n’hésitez pas à revenir en arrière sur l’apprentissage et à l’aider un peu plus pour ne pas rester sur un échec (vous comme lui). Veillez également à toujours vous arrêter sur une note positive afin que lui comme vous ne gardez pas un mauvais souvenir de cette séance de travail et ayez envie de recommencer.
Patience et bienveillance
1 Stimulus : Facteur qui déclenche une réaction physiologique ou psychologique
2 homéostasie : capacité de l’organisme à maintenir une stabilité relative en milieu interne malgré les changements constants de l’environnement.